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Massacre au pont de No Gun Ri - L'humanité dans toute sa folie

25 Juin 1950, Corée. Les troupes communistes nord-coréennes franchissent le 38e parallèle, marquant le début d'une guerre qui durera près de 3 ans. Fuyant les combats, des milliers de réfugiés sud-coréens s'exilent vers le sud du pays. Parmi eux, un groupe de quelques centaines de femmes, d'enfants et de vieillards est encadré par les troupes américaines près du village de No Gun Ri, le 26 Juillet 1950. Contre toute attente, l'aviation américaine ouvre le feu sur le groupe de réfugiés, puis les troupes de la 1e division de cavalerie commencent un massacre sordide qui durera près de 3 jours, marquant l'un des passages les plus sombres de la guerre de Corée, toujours nié en partie de nos jours par les Etats-Unis. C'est au travers d'un roman graphique de plus de six-cents pages que Park Kun-Woong et Chung Eun-Yong nous proposent de redécouvrir ce sordide épisode qui marqua profondément l'histoire de la Corée.


 







Eun-Yong est un père de famille sans histoire, ancien policier, vivant heureux avec sa femme et ses deux enfants près de la frontière factice séparant la Corée du Sud de son homologue communiste au Nord. Lorsque le 25 Juin 1950, la radio annonce que les troupes nord-coréennes ont franchi le 38e parallèle et progressent vers le Sud, son destin et celui de sa famille vont définitivement basculer dans le flot de l'Histoire. Se mêlant à des milliers d'autres réfugiés cherchant à fuir les combats, ils débuteront alors un long exode sur les routes de Corée, espérant que les troupes américaines, venues combattre les nord-coréens, pourront mettre un terme aux combats.
Obligé de quitter sa famille, Eun-Yong trouve refuge chez son frère dans la ville de Daegu dans le sud du pays. Il assiste alors impuissant aux récits des multiples défaites des troupes américaines face aux troupes communistes qui ne cessent de progresser. Inquiet pour sa famille, il retourne à la ville de Busan, où il retrouve son épouse, meurtrie et désemparée, alors que ses deux enfants sont morts. Effondrée, cette dernière lui raconte alors les événements sordides qui eurent lieu du 26 au 29 Juillet, sous un pont ferroviaire proche du village de No Gun Ri.







Massacre au pont de No Gun Ri est bien plus qu'un simple manwha historique, c'est un véritable roman graphique retraçant sous forme de témoignages l'un des épisodes les plus sombres de la guerre de Corée. Acculées par l'armée nord-coréenne, les troupes américaines reçurent l'ordre d'encadrer les réfugiés en exode vers le Sud, et de tenir la position de No Gun Ri pendant trois jours. Pourtant, par crainte d‘espions communistes infiltrés dans les troupes de réfugiés, les américains ouvrirent le feu par frappe aérienne le 26 Juillet 1950 sur les réfugiés (en majorité des femmes, des enfants et des vieillards), avant de débuter un longue exécution où les rescapés de la première attaque se réfugièrent sous un pont, encerclés par les mitrailleuses américaines. Au total, c'est plus de quatre-cents réfugiés sud-coréens qui furent exécutés sans raison valable. Mais plus qu'une simple exécution de masse, ce fut une lente agonie de trois jours, dans le sang et la boue, sous le flot continue des tirs de mitrailleuses.







Œuvre impressionnante, ce roman graphique permet au lecteur de découvrir avec détails les événements sordides qui ponctuèrent ces trois jours d'agonie au travers du récit de la femme du personnage principal, entrecoupés de témoignages véridiques, où les ombres des survivants (dont le nom et l'age au moment des faits sont spécifiés) hantent les pages, offrant un récit d'une incroyable intensité. Impossible en effet de ne pas se sentir submerger par les émotions, mélange de répulsion et de tristesse, devant ces témoignages poignants, qu'on aimerait irréels, de détresse, d'agonie et de désespoir.







Jeune espoir de la bande-dessinée coréenne, Park Kun-Woong offre grâce à sa plume un support de choix pour faire revivre cet épisode tragique de la guerre de Corée. Son trait naïf et sommaire donne aux personnages une dimension bien plus humaine que tous les artifices des productions de masse actuelles. Ici, les expressions des visages ne tiennent qu'à un trait, et l'encrage entièrement à l'encre de chine s'adapte selon les événements décrits. Ainsi, alors que les paysages semblent paisibles et calmes en début de récit, la trame s'obscurcit au fur et à mesure de l'exode des personnages, pour devenir sombre et oppressant lors du massacre, accentuant encore ce sentiment de révolte qui naît au fil de la lecture.
Chung Eun-Yong est l'auteur du roman sur lequel est basée cette bande-dessinée. Né en 1923, il est diplômé de droit à l'université Jungang, et président d'un comité de défense des victimes du massacre de No Gun Ri, le Comittee for Unveiling Truth at the No Gun Ri Massacre. Difficile de ne pas ressentir tout l'étendue de son engagement dans cette cause tant le récit fourmillent de détails et de témoignages de survivants aussi poignant les uns que les autres, conférant à cet ouvrage un véritable statut de récit historique.







Richement documenté, Massacre au pont de No Gun Ri est un roman graphique à la dimension historique d'une incroyable intensité. Difficile en effet de ne pas être pris aux tripes à la lecture de ces témoignages d'une des plus sombres tragédies de la guerre de Corée. On en sort bouleversé, écœuré de voir la guerre dans toute son absurdité et sa folie. Œuvre de vérité et de mémoire, cet récit dantesque, qui devrait être complété d'un second tome, permet à la bande-dessinée de se hisser à la hauteur des manuels d'histoire, l'intensité et l'émotion en plus.



Massacre au pont de No Gun Ri
Titre original : Nogunri story volume 1 — Recollecting that summer day
Dessins : Park Kun-Woong
D'après un roman de Chung Eun-Yong
Paru en France aux éditions Vertige Graphic / Coconico Press
Corée, 2006

 

 

 

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http://www.clan-takeda.com/asiemute/articles/669/massacre-au-pont-de-no-gun-ri/

 

 

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